UN RETABLISSEMENT ÉCONOMIQUE INCERTAIN AU XIX° SIECLE
Cette période semble connaître une amélioration générale de la conjoncture . Année après année semble cependant progresser la désindustrialisation , terme qu'il faut considérer avec prudence, la région n'étant aucun cas véritablement industrialisée.Le commerce se cantonne aux productions agricoles et la prospérité du XVIIIième siècle n'est pour beaucoup qu'un souvenir
. La Monarchie de Juillet encouragea le progrès des communications ainsi qu'une évolution vers le libre-échange exposant une économie déjà sclérosée et fragilisée dès la fin du XVIIIième siècle : Daniel Ligou souligne ainsi la grave crise essuyée par l'économie montalbanaise de 1840 à 1850. Le ministre du commerce s'inquiète en 1837 de la situation du Lot-et Garonne : "j'ai vu que ce département plus agricole qu'industriel avait peu souffert de la crise actuelle et que la gêne qui s'était manifestée depuis quelque temps dans les relations commerciales provenait plutôt des mauvaises récoltes qui ont lieu depuis 2 ans que des rapports avec l'Amérique". De plus "le commerce du Lot-et-Garonne consiste principalement dans l'exportation des produits agricoles.La mauvaise récolte de céréales de 1836 a augmenté l'état de gêne produit par la crise commerciale" (lettre du 27 juin 1837). Les échanges commerciaux, contrairement au siècle précédent, ne dépassent guère le cadre strictement local comme le note le sous-préfet de Villeneuve : " depuis un an environ les affaires sont ralenties et le crédit un peu resserré, mais cela tient à des causes purement locales" (lettre du 17 juin 1837). Il convient donc de retenir l'image d'une région qui bâtit sa prospérité sur les bases d'une étroite dépendance vis-à-vis de Bordeaux et des colonies et qui dut au XIXième siècle se replier sur elle même et exploiter uniquement son potentiel agricole toujours important.Ce commerce , fortement dépendant des aléas climatiques , n'était cependant pas synonyme de pauvreté : "le commerce du pruneau, contrarié naguère par des embarras politiques, a pris un libre essor et a fait circuler dans notre département (du Lot-et-Garonne) des capitaux considérables.Cette masse de capitaux a rendu plus faciles toutes les transactions, répandu le bien-être dans le commerce et augmenté nécessairement la consommation des produits de l'industrie" (Rapport de la chambre consultative des arts et manufactures du second semestre 1833).
. La Moyenne-Garonne a su utiliser une situation géographique favorable afin de répondre aux besoins croissants du commerce bordelais.La décadence de ce dernier condamna l'essor de la région : le siècle des manufactures, de la toile ,du minot ,du grand commerce ouvert aux îles et à l'Europe laissa place à une période contrainte de s'orienter vers les activités agricoles , le commerce de détil aux débouchés plus restreints. Cette image de décadence est-elle vraie ou bien doit-elle être corrigée ou du moins tempérée ? Seule une étude plus ciblée des différentes activités et de leur évolution pourrait peut-être nous donner des éléments de réponse.